USA : crise immobilière et sociale

Publié le par Benoit PETIT

 

« USA : Première puissance économique, ou première impuissance sociale ? »

 

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La roue serait-elle entrain de tourner pour les Etats-Unis ? Voilà en effet plusieurs mois que l'Oncle Sam fait face à deux crises simultanées : l'augmentation des taux des crédits, et la baisse du marché de l'immobilier. La situation était à ce point critique, que les banques centrales ont du directement intervenir pour préserver les bourses mondiales. Si le système financier mondial s'en sort plutôt pas mal (quelle surprise), on ne peut décemment pas dire la même choses des millions de citoyens américains, qui se sont lourdement endettés pour être propriétaires. Vous avez bien lu... les dégâts sociaux prévisibles dans cette affaire se chiffrent en millions de personnes.

 

Tout d'abord, il y a les victimes directes : les débiteurs de crédits immobiliers. Engagés sur plusieurs années, ils se sont retrouvés coincés à la fois par l'impossibilité de faire face à l'augmentation de leurs remboursements mensuels, et par l'incapacité de revendre leur bien en vue de combler leur crédit. Résultat des courses, les procédures de saisie se multiplient, et ces gens déjà fragiles socialement, basculent brutalement dans la plus extrême précarité.

 

Il y a ensuite toutes les PME qui vendaient ces crédits hypothécaires à risque : près de 90 faillites enregistrées depuis le début de l'année, et des dizaines de milliers de chomeurs supplémentaires. Pire, il y a toutes les filières qui dépendent du marché de l'immobilier (et notamment la construction) qui font face à des baisses subites de commandes... et qui à leur tour, licencient.

 

Là où l'histoire devient vraiment inquiétante pour les américains (si, si, il y a pire que tout ça), c'est que depuis 2000, leur Président (Bush) a été défaillant dans le domaine social : restrictions dans le peu de Sécurité sociale qu'ils ont, indifférence totale à l'égard des pauvres (souvenez-vous de la gestion du problème « Katrina »)... Ces millions de « new poors » vont tout simplement se retrouver sur le carreau, sans aide correcte de l'Etat... proies idéales pour les sectes, gangs, terroristes, milices en tout genre.

 

L'Histoire a souvent démontré que ce sont les crises sociales qui, par leur gravité et le nombre massif de personnes qu'elles affectent, chamboulent la destinée économique des peuples. L'hyper-puissance américaine vit peut-être la fin de son cycle : de plus en plus concurrencés par les autres puissances internationales, ruinés par une guerre qui n'a plus aucun sens aux yeux du peuple, tiraillés par les conflits raciaux que leur propre système judiciaire et éducatif produit, il n'est pas certain que les Etats-Unis aient les moyens d'encaisser une crise sociale majeure.

 

Cette affaire doit nous faire réfléchir sérieusement, notamment sur le devenir de notre société. De plus en plus, l'endettement est présentée comme une clé de notre avenir : des crédits pour payer ses études, des crédits pour payer sa voiture, des crédits pour payer son logement, des crédits pour payer sa télé, des crédits pour payer les cadeaux des gosses... et même des crédits pour rembourser les précédents crédits... Il n'y a qu'à voir les chiffres de la Commission de surendettement pour réaliser que nous prenons dangereusement la voie empruntée 15 ans auparavant, par nos amis américains...

 

Prenons garde à ce que le projet qui nous est proposé par la majorité présidentielle, ne soit pas d'endetter les individus pour permettre à l'Etat de se désendetter de son côté. Si l'on en juge par les débats et les textes votés à l'occasion du financement des universités et du « paquet fiscal », il y a tout lieu de croire que nous ne sommes pas loin de basculer dans ce type de société.

 

Il est grand temps de comprendre qu'à force de jouer au jeu dangereux du capitalisme financier, tôt ou tard, il faudra payer la facture sociale !

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