Colloque à la Faculté de Droit d'Aix : le contrat social

Publié le par Benoit PETIT

"Faut-il réinventer le contrat social ?"



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Tel sera le thème d'un colloque organisé par "l'Association Française des Historiens des Idées Politiques" (AFHIP) les 6 et 7 septembre prochain à la Faculté de Droit  d'Aix-en-Provence (à 9 heures, en salle des Actes).


M. le Pr. Michel GANZIN, Président de l'AFHIP (un brillant esprit et un excellent professeur), ouvre lance donc la rentrée politique a Aix sur le terrain des idées... et les plus fondamentales.

"Alors que d'aucuns la croyaient définitivement reléguée aux oubliettes de l'espoir, nous dit l'universitaire, l'idée contractuelle chère à Rousseau et aux révolutionnaires, opère après une longue éclipse débutée au XIXe siècle, age du déclin du contrat social, un retour remarqué. Des éditorialistes aux hommes politiques, en passant par les sociologues, économistes et les juristes, tous s'accordent face à la crise multiforme que traverse les démocraties occidentales, sur la nécessité de l'établissement d'un nouveau contrat social"


A juste titre !  L'accélération ces 30 dernières années, de la mondialisation des échanges - mais aussi l'évolution des besoins sociaux, environnementaux, culturels, sociétaux - placent les sociétés contemporaines dans une toute nouvelle configuration de développement. Pour prospérer de nouveau, elles seront contraintes de repenser entièrement la relation qui lie chaque individu au collectif qu'ils forment.... Repenser le contrat social, c'est repenser nos liens de solidarité et notre organisation étatique, conformément aux exigences de notre époque. 

Un colloque qui s'annonce passionnant, et qui éclairera sans doute, la plupart des enjeux nationaux et locaux de ces prochaines semaines..... (avant celui, plus pragmatique et plus directement centré sur Aix, de mon ami Vert Cyril Di Méo, à la fin du mois)




PS... Personnellement, sur cette question du contrat social, je suis plutot partisan du "quasi-contrat social" proposé par Léon Bourgeois et la doctrine solidariste au début du XXe siècle (cf. "Solidarités"). Son approche passe par le prisme de la logique de solidarité, et permet de réorganiser la société essentiellement autour de cette valeur fondamentale.... exactement ce qui nous manque le plus, aujourd'hui.




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Léon Bourgeois,
Prix Nobel de la Paix, Président de la Société des Nations, Ancien Président du Conseil, etc...
bref, un grand homme et un grand esprit




Extrait :  Jacques Mièvre, « Le solidarisme de Léon Bourgeois »,  Cahiers de la Méditerranée, vol 63 villes et solidarités, mis en ligne le 27 juillet 2005
http://cdlm.revues.org/document.html?id=17


"Le "solidarisme" s'écarte ainsi de la doctrine du Contrat social de Rousseau qui ajoute à l'idée d'une association de fait, l'hypothèse d'une convention préalable fixant les conditions de cette association, admettant "l'état de nature", l'homme parfait au commencement des choses, mais déformé par les vices des institutions et aboutissant à une aliénation totale : "L'homme est né libre, et partout il est dans les fers" 

On en vient vite à l'idée centrale du "solidarisme" :

"L'homme vivant dans la société, et ne pouvant vivre sans elle, est à toute heure un débiteur envers elle. Là est la base de ses devoirs, la charge de sa liberté". "L'obéissance au devoir social n'est que l'acceptation d'une charge en échange d'un profit. C'est la reconnaissance d'une dette" 

Mais si la Solidarité "établit, en même temps que la liberté, l'égalité non des conditions, mais du droit entre les hommes", qui fixera ce compte des profits et des pertes, des avantages et des charges entre les associés ?

Bourgeois admet des "difficultés" qui cependant "ne font point échec à la loi elle-même" (Idem, pp. 48-49). Il se plaît à rappeler l'affirmation d'Auguste Comte :

"Nous naissons chargés d'obligations de toute sorte envers la Société".

 Par une sorte de"quasi-contrat social" chacun de nous est nécessairement débiteur de tous, donc "l'homme naît débiteur de l'association humaine". Cette "dette sociale" s'explique par le fait que tout enfant, estime Bourgeois, même le plus pauvre, reçoit un héritage social dans sa jeunesse et ses années de formation. Ses parents lui apportent non seulement la nourriture, mais un langage, l'apprentissage du maniement des outils ; l'école, plus tard, lui inculque au moins un enseignement primaire (Idem, pp. 53-55).

Bourgeois en arrive ainsi à l'idée d'une "double dette sociale" que l'homme doit acquitter.

D'une part, l'homme doit rembourser, par son travail au sein de la société humaine la dette sociale contractée pendant ses années de formation.

 D'autre part, l'homme doit, de plus, apporter sa contribution au progrès humain, progrès humain si cher à Condorcet, un des hommes de la Révolution souvent revendiqué par les radicaux.

Bourgeois juge que l'homme a même une dette envers les générations futures et qu'il doit faire plus que rembourser sa dette sociale.

Alors seulement, cette double dette sociale acquittée, l'homme sera pleinement libre (Idem, p. 60), et la loi positive peut assurer par des sanctions impératives l'acquittement de la dette sociale posée par ce quasi-contrat général"



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