Présidence de l'Union européenne : l'axe "Tony"-"Nico", Non merci !!

Publié le par Benoit PETIT


Une campagne électorale peut en cacher une autre
. Il y a les muncipales, ça on le sait. Il y a aussi l'élection très prochaine du premier Président de l'Union européenne par le Conseil - à condition que les 27 pays membres ratifient le Traité européen de Lisbonne... - et ça, on le sait moins !


Il n'aura pourtant échappé à personne que depuis quelques temps, certains plans « médias » mettent en scène le nouveau couple « glam » de l'Europe : Nicolas SARKOZY et Tony BLAIR. Un beau roman d'amitié ? Mouais... une vraie rupture dans la politique européenne, surtout !


Il y a une chose qu'il faut rappeler concernant la construction européenne. Traditionnellement, le couple franco-allemand a toujours défendu une vision plus sociale de l'Europe, tandis que les britaniques, farouches partisans d'une vision essentiellement économique, ont régulièrement repoussé tout ce qui était un pas de plus vers l'Europe politique et sociale.

Jusqu'à une période encore récente, nos relations avec l'Allemagne étaient fortes, et la construction européenne avançait plus ou moins dans le sens de « l'économie sociale de marché ». Puis il y a eu la guerre en Irak, qui a renforcé le poids du Royaume-Uni, de l'Espagne et d'une partie des pays de l'Est. Puis le « Non » au référendum sur la Constitution, qui marque le début de la séparation du couple franco-allemand. Puis l'élection de Nicolas SARKOZY, qui confirme le divorce politique avec Angela MERCKEL... c'est finalement la chronique classique des « ruptures ».


Dès lors, le fait que la France réfléchisse très officieusement à soutenir l'ami « Tony » dans sa conquete de l'Europe n'est pas anodin. C'est une toute nouvelle dynamique qui prend naissance, et cela mérite que l'on s'intéresse un peu aux valeurs et aux idées qu'elle véhicule.


Quelle est la pensée européenne de celui qui, semble-t-il, sera notre candidat ? Quelques faits, comme ça, piochés parmi beaucoup d'autres.

BLAIR n'est pas un « euro-sceptique ». Ou en tout cas, il l'est beaucoup moins que la classe politique et l'opinion publique britannique. En 2004, il engage certes la ratification par voie parlementaire de la Constitution (laissant ainsi une chance au texte), mais il bénit secrètement les « non » français et hollandais qui lui ont évité d'avoir à assumer le texte. En 2005, alors que CHIRAC et SCHROEDER demandent la suppression du « rabais-Thatcher » - qui permettait au Royaume-Uni de moins contribuer que les autres au budget communautaire - « Tony » s'y oppose en demandant une refonte préalable de la PAC... En fait, BLAIR est un partisan du Marché commun, mollement enthousiaste à l'idée d'une Europe politique et sociale. Il ne faut surtout pas se laisser abuser par l'étiquette « Travailliste » dans cette affaire : ce n'est certainement pas le Président BLAIR qui va impulser, en Europe, de vraies avancées sociales et institutionnelles.


Et puis surtout, comme Nicolas SARKOZY (et oui...), Tony BLAIR est un atlantiste convaincu. Son engagement aux cotés de « W » dans la guerre en Irak en témoigne. Et c'est finalement là, le gros hic de l'histoire.

Car le sens de la construction européenne, c'est l'élaboration d'un modèle de société alternatif à celui des US. C'est une vision de l'économie, de la concurrence et de la consommation qui tranche radicalement avec celle de Washington, notamment par son orientation sociale et environnementale. C'est une voix différente qui raisonne dans les conflits internationaux, et qui permet de réinstaurer certains équilibres fondamentaux. Bref, l'Europe c'est pas « the american way of life », ni un vecteur des intérets de l'Oncle Sam.


Je n'affirme pas qu'il y aura systématiquement collusion entre les intérets américains et la politique de BLAIR... à ce niveau là de la politique, les choses sont autrement plus subtiles et fragiles. Je dis simplement que choisir un premier Président de l'Union qui a fait preuve, dans un passé récent, d'autant de dévotion à l'égard de la Maison Blanche, est une option pour le moins contestable. Encore plus lorsque l'on sonde ses convictions discrètes en faveur de la construction politique et sociale.


Allez, je vous livre le pire de l'affaire. Parmi les co-pressentis à la fonction, il y a un homme remarquable, qui incarne profondément l'image que l'Europe tente de se donner d'elle meme depuis sa création : Bronislaw Geremek, proche de Lech WALESA, ancien Ministre des affaires étrangères, député européen reconnu pour son combat contre les « ultra-conservateurs », Président de la Fondation Jean Monet pour l'Europe... (l'anti-Blair par excellence).


Pourquoi on ne le soutiendrait pas, Bronislaw Geremek ?! Avons-nous à ce point perdu notre foi dans le projet européen ? Inlassablement, je répèterais ma conviction profonde : ce dont nous avons besoin en Europe, c'est d'un « Sage », pas d'un « Manager » atlantiste...


Une fois encore, tous nos espoirs européens reposent sur les autres Etats-membres, puisque dans la France de « Nicolas », on a pas notre mot à dire sur les enjeux européens... soupir !


 


 


 


 

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