L'Union de la social-démocratie plutot que l'Union des gauches
Voici le commentaire laissé par Gaelle Lenfant (bloggeuse et militante PS) à mon précédant post sur le Congrès du PS. Merci à elle pour sa réaction. Ci dessous, ma réponse.
Tu mélanges beaucoup de choses : l'économie de marché et le libéralisme, la social-démocratie et le réformisme, la social-démocratie et le socialisme démocratiqe, les socialistes et les démocrates...
Je t'invite à faire un tour sur Wikipédia pour vérifier la définition de toutes ces notions. Tu pourras ensuite te rendre sur le site du PS y lire notre déclaration de principes qui dit notamment : (cette nouvelle déclaration de principe a été votée en juin 2008)
"Les socialistes portent une critique historique du capitalisme créateur d’inégalités, facteur de crises, et de dégradations des équilibres écologiques, qui demeure d’actualité à l’âge d’une mondialisation dominée par le capitalisme financier.
Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux qui a pour finalité la satisfaction des besoins sociaux essentiels. Le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public efficace, des services publics de qualité accessibles à tous, un tiers secteur d’économie sociale et solidaire.
Les socialistes affirment que certains biens et services ne doivent pas relever du fonctionnement du marché quand ils concernent les droits essentiels. Ils font de la création et de la redistribution des richesses un enjeu majeur de l’action politique."
On pourra ensuite revenir sur le sujet si tu le souhaites.
Bien cordialement,
Gaëlle Lenfant
Tu as raison de pointer la déclaration de principes du Parti Socialiste. Ce texte montre que le corps de doctrine est en place pour engager son évolution social-démocrate. Mais c'est néanmoins insuffisant, à mon sens, pour dire que le PS est effectivement un parti social-démocrate sur la scène européenne.
Tout d'abord, parce qu'il existe au sein du PS un courant influent dont les fondements doctrinaux n'ont rien à voir avec la déclaration de principes du PS. Leur critique du capitalisme ne débouche pas sur la régulation sociale et environnementale, mais plutot sur le dépassement du capitalisme vers un système différent, collectiviste et étatique. Ce courant fait écho à une famille de plus en plus cohérente de la gauche : celle qui prone la décroissance, en vue de vider le capitalisme de sa substance, et permettre "l'alter-mondialisme". Je ne crois pas que l'on puisse dire que Benoit Hamon, Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélanchon, mais aussi José Bové, Cécile Duflot, Noel Mamère, Marie-Georges Buffet, Maxime Gremetz ou encore Olivier Besancenot sont prets à défendre le projet de société inscrit dans la déclaration de principes du PS.
Ensuite, parce que parmi les autres courants du PS - la majorité, je te l'accorde - aucun n'assume pleinement la défense du projet social-démocrate. Ils n'y sont pas hostiles, par principe. Mais par stratégie, ils ne veulent pas prendre le risque d'assumer une rupture avec la gauche "alter-capitaliste".
Aucune motion ne défend l'idée de revoir la structure des logiques de coalitions électorales. Toutes sont calibrées sur la priorité de l'Union de la Gauche. Pas une n'évoque l'Union de la Social-démocratie.
La question européenne est également une préoccupation importante. Tout démontre que le flou le plus total s'est emparé du PS s'agissant du modèle de société et du modèle de développement économique porté par l'Europe.
Si le PS n'est pas encore, à mes yeux, un parti social-démocrate - alors que le MoDem l'est - ce n'est pas parce qu'il est doctrinalement incompatible avec cette doctrine (c'est meme tout le contraire). C'est parce que ses principaux représentants sont encore hésitants à assumer les conséquences politiques inférées par cette doctrine. La social-démocratie impose de rompre la coalition avec la gauche "alter-capitaliste", et de s'ouvrir aux autres mouvements socio-démocrates (MoDem, PRG, chrétiens démocrates). Ce n'est visiblement pas à l'ordre du jour du prochain Congrès.
Ce discours là, je ne le fantasme pas. Je l'entend au quotidien parmi nos adhérents MoDem qui viennent du Parti Socialiste. Je l'entends aussi dans les discours de Michel Rocard. C'est, à mon sens, le seul discours qui soit suffisament ambitieux pour proposer l'alternative au sarkozysme : il faut décliner loin la doctrine social-démocrate pour contrer tous les jalons sociétaux des conservateurs (laicité positive, réforme des médias, politique sécuritaire, délestage du modèle social...).
On pourra toujours chipoter pour dire qu'untel est en fait davantage un chrétien démocrate, un gaulliste de gauche, un radical-socialiste ou un social-réformiste qu'un social-démocrate. Mais qu'on le veuille ou non, tout ce petit monde a plus a voir entre eux, qu'avec ceux qui luttent contre le fonctionnement normal de l'économie de marché...
Amitiés
Benoit